« Dater un relief »
Action réalisée lors de la résidence « Art et écologie »
Centre Art i Nature de Farrera, Catalogne, 2009
 
Sur la plupart des bâtiments anciens existe encore la pierre sur laquelle le propriétaire a fait graver la date de construction. Ici un jeu sur le verbe dater qui est l’étude géologique d’un relief et l’acte d’inscrire une date, pose la question de la place de l’homme face à la nature. Lorsqu’en art un artiste signe un objet, il le fait sien, comme pour les « ready-made », le scientifique, à la proue de l’humanité, ne fait pas autre chose. Au-delà de la nécessité de comprendre le monde, la taxinomie est une appropriation du patrimoine écologique. On peut aller jusqu'à dire qu’un objet n’existe pas tant qu’il n’a pas été nommé. A la fois, le scandale qu’est devenu la signature de Thompson sur la colonne de Pompée sous la plume de Flaubert, montre la vanité, voire la bêtise d’une signature, mais là, il s’agissait de sur-signer un objet culturel. Dater, en gravant, une paroi rocheuse, n’est pas si différent en soi que de dater à partir d’une étude géologique et la taxinomie n’est pas loin, ni moins vaniteuse que la fabrication d’un ready-made. Cette action est peut-être celle qui formalise le mieux le pont sémantique entre l’art et la science, dans sa nécessité et sa vanité.