"Accident de caddie"
 
Ce travail est la suite d’une série d’études de transformation du caddie en outil de production individuel en tant qu’appartenant à l’individu au moment où il s’en saisit.
Ici, il est pour moi un objet révolutionnaire, un outil critique.
Cet aspect de mon travail est l’autre face de mon engagement pour la création d’espaces humains de production (Unités Mobiles de Parc et Jardin, performances partagées…)
 
Les deux c de accident et les deux d de caddie sont faits pour s’entendre. Entendons les donc. La répétition des consonnes comme une première hésitation, un accroc, un bégaiement, un trébuchement.
Comme le soumet à la pensée Paul Virilio, toute création humaine comprend son potentiel de danger, le caddie n’en parait pourtant pas doté. Machines, mécaniques et toutes démiurgies terrestre, doivent être pensées dans leurs finitudes, évaluées dans leurs entropies. Je propose, en mettant en scène la décomposition du mouvement de la chute d’un caddie, que cet outil de la consommation de masse n’y échappe pas. Cette étude phénoménologique, constitue une entrée formelle pour une énième mais encore possible critique de l’aliénation au système marchand.
« Toute la vie des sociétés dans lesquelles règnent les conditions modernes de production s’annonce comme une immense accumulation de caddies », Marx, Debord…
Le spectacle merveilleux à portée des désirs, la fête infinie baignée des lumières du Noël continu, le caddie en est le tapis volant et le miroir magique, le carrosse, le traîneau, le véhicule parfait.
Si pour Virilio les technosciences sont arrogantes jusqu’au délire, la société de consommation et leurs distributeurs inféodés le sont aussi. Nous sommes consommateurs jouissants et pervertis du délire du monde.
Penser l’impensable, calculer l’improbable, inventer la fin ou la décider, l’accident serait ce qui nous resterait de volonté productrice, de liberté d’agir.

Performance :
Vielle à roue : Mathieu Blanc
Basse : Guillaume Besson
Percussions : Denis Minier, Barthélémy Lougarre, Fabrice Bony, Gaël et Erwan.
Chorale : Troisième système, chef de chœur Xavier Mathe
Fond sonore (prises de son diverses et montage) avec l’aimable autorisation de la chorale « Troisième système » : Carl Hurtin
Finalisation technique : François Donato pour éOle
Arrangements Carl Hurtin avec la collaboration de tous les musiciens.